Le café et ses émissions carbone
Nous allons être transparents : le café n’est pas un produit écologique. C’est d’ailleurs un terme avec lequel nous ne sommes pas vraiment à l’aise. Un produit n’est que rarement écologique dans l’absolu, il peut l’être davantage qu’un autre, mais il est rare que l’empreinte carbone soit négative. Nous préférons le terme responsable chez Celsius., qui induit une conscience de l’impact et une volonté de le limiter.
Lorsqu’on prend le café dit « de commodité », c’est-à-dire celui qui est distribué massivement à travers le monde sans traçabilité, les chiffres sont même alarmants : il serait la 6ème denrée alimentaire la plus émettrice de gaz à effet de serre. Devant, on aurait la viande de bœuf, de mouton, le fromage et le chocolat. Précisons que ces estimations ont été réalisées par kilogramme de nourriture et ne tiennent pas compte de l’usage : il est rare de consommer un kilogramme de café (soit 120 espressos) aussi rapidement qu’un kilogramme de fromage par exemple.
Origine des émissions - n.f.
Si l’on rentre dans le détail, le café conventionnel doit son empreinte carbone élevée à ces principaux éléments :
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Les pratiques agricoles : 59%, principalement dus à l’usage de fertilisants et de la production de protoxyde d’azote, 300 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone.
- Le changement d’usage des sols : 15%, le passage de sols très riches (forêts) à des sols plus pauvres (fermes en monocultures).
- Processus de transformation : 12%, la décomposition de matières organiques (pulpe et peau) dans les eaux usées, ce qui produit du méthane, 25 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone.
- Distribution et consommation : 11%, il s’agit d’une part du conditionnement (packaging) et d’autre part de la consommation de l’extraction du café pour sa consommation : le chauffage de l’eau et la mise sous pression.
- Transport : 3%, Problématique la plus connue, nous souhaitons majoritairement consommer local aujourd’hui, mais cela s’avère impossible pour le café. Le transport en bateau produit du CO2 par combustion d’hydrocarbures.
Source : Act For Coffee n°4 par Belco
Réponses du café de spécialité - n.f.
Une fois que ces chiffres ont été posés, nous pouvons nous intéresser à la position qu’occupe le café de spécialité dans ce schéma :
Pratiques agricoles : un des grands principes du café de spécialité est justement d’encourager les pratiques agricoles vertueuses, en limitant l’usage de produits phytosanitaires. Tous les cafés de spécialité ne sont pas labellisés biologiques, loin de là, mais pour obtenir un goût assez intéressant pour le monde du café de spécialité il faut bien souvent se passer des produits réservés à l’industrie agricole.
Changement d’usage des sols: il a été largement démontré que les monocultures ne sont pas bénéfiques au goût, car les sols s’épuisent et ne nourrissent plus suffisamment la plante. Cette dernière donnera ainsi des fruits à faible teneur en sucres et en arômes, manquant d'intérêt gustatif. Le café de spécialité encourage massivement la permaculture (exemple des cafés de forêt) et le retour à un mode d’agriculture plus diversifié, et ne s’inscrit donc pas dans cette catégorie d’émissions de gaz à effet de serre.
Processus de transformation : les processus de transformation sont de plus en plus observés afin de réduire leur impact. Chez Celsius. nous avons tendance à privilégier les cafés naturels et honey aux lavés pour leur moindre impact.
- Ne changez pas trop souvent de machine : en cas de panne renseignez-vous pour une réparation en priorité.
- Ne surdimensionnez pas votre équipement : le monde du café de spécialité est particulièrement dynamique, et les marques particulièrement ingénieuses pour nous proposer toujours plus de nouveautés et de matériel qualitatif, nous en sommes les premières victimes. Néanmoins, si votre consommation se limite à 2 cafés par jour, peut-être n’avez-vous pas besoin d’une machine espresso à double chaudière qui consommera l’équivalent de votre réfrigérateur ? Et peut-être n’avez-vous pas besoin de 14 drippers différents pour votre consommation de café filtre ?
- Éteignez votre machine après avoir extrait votre café, même si elle s’éteint toute seule après un certain temps, ce sera toujours plus économe. Ce point est surtout valable pour les machines à espresso automatiques.
- Ne jetez pas de café : même si vous changez de type de café dans une même machine, buvez le résultat obtenu à la première tasse. Vous aurez au pire des cas un café étrange, et dans le meilleur un joli blend !
Transport : la France ne sera probablement jamais un grand pays producteur de café, celui-ci devra faire un peu de route pour nous rejoindre. Le transport en voile prend de l’ampleur, et nous souhaitons y faire appel dès que nous le pourrons. En attendant, pour les livraisons locales, nous avons fait l’acquisition chez Celsius d’un vélo cargo électrique qui nous permet de gérer les derniers kilomètres de façon plus responsable.
Il est ainsi difficile de chiffrer les émissions de carbone d’un café de spécialité par rapport à un café de commodité, mais il est certain que la différence est immense. Le petit monde du café de spécialité est extrêmement sensible à ces questions, et permet une recherche approfondie de la part de tous les maillons de la chaîne pour émerger et séduire ce marché florissant.
Prévisions - n.f.
Pour répondre aux estimations actuelles de la future demande mondiale, il faudrait au moins doubler les niveaux de production de café au cours des 30 prochaines années.
Si cette nouvelle production devait être satisfaite par la déforestation et les modes de culture en plein soleil, le risque inhérent pour les forêts primaires et les habitats naturels serait potentiellement important. A date, étant donné que la déforestation et l'intensification de l'agriculture se poursuivent, c’est également le cas des émissions de carbone et d'autres gaz à effet de serre. Les estimations suggèrent que, sans une action réfléchie pour atténuer les émissions de GES, le secteur du café sera responsable de l'émission de 1,65 à 3,3 gigatonnes de carbone pour l'année 2050. Ceci aurait pour conséquence d’aggraver l'effet du changement climatique sur les rendements du café et pourrait conduire à encore plus de déforestation.
Il est ainsi primordial de réaliser d’une part des investissements directs dans la capture du carbone du sol dans les exploitations agricoles au sein de leurs propres chaînes de valeur, et d’autre part de réaliser des efforts de reboisement et de conservation des terres. La compensation carbone constitue un autre moyen de pallier l’urgence, bien que le sujet manque de cadre à date (manque de contrôles, moyen pour certaines entreprises de se dédouaner de leurs responsabilités, etc.).